Le salaire de la mairesse de Longueuil fait couler beaucoup d’encre au Québec depuis avril 2019. Découvrir qu’à la hauteur de 240 444$ la mairesse de la cinquième ville du Québec perçoit une rémunération totale plus élevée que le premier ministre du Québec, la mairesse de Montréal ou le maire de Québec a été choquant pour plusieurs. La désapprobation des citoyens de Longueuil fut générale et s’est exprimée de vive voix lors d’événements, par courriel, au téléphone, sur les médias sociaux et lors des séances du conseil municipal. Malgré cela, celle qui continue de battre tous les records de rémunération dans le monde municipal a choisi de faire la sourde oreille pendant 10 mois avant de réagir.
Depuis 2018, rappelons que la Loi sur le traitement des élus municipaux a déplafonné leur rémunération permettant ainsi à certains élus, dont la mairesse de Longueuil, d’aller chercher plusieurs rémunérations additionnelles, en plus de leur salaire de base. Ce cumul est donc légal, même s’il n’a jamais été voté par le Conseil de Ville de Longueuil. Comme l’indiquait avec raison un citoyen venu interroger la mairesse à l’assemblée du conseil municipal en mai 2019, « ce n’est pas parce qu’on a le droit de faire des choses qu’on est obligé d‘ambitionner sur le pain bénit ».
Les élus de Longueuil Citoyen en mode solution
Profondément gênés, les élus de l’opposition se sont mis en mode solution dès le départ en proposant que la mairesse « prenne l’initiative de présenter au Conseil un règlement pour baliser son propre salaire », en soulignant que plusieurs maires avaient d’eux-mêmes décidés de plafonner leurs propres rémunérations. Je pense notamment aux maires de Boucherville et de Montréal. Réponse de la mairesse : «les citoyens me jugeront sur mon bilan». Pour le bénéfice des citoyens rappelons que, toujours selon la loi, seul le maire d’une municipalité peut présenter une modification à sa rémunération.
Devant cette fin de non-recevoir, j’ai personnellement déposé dans les mois suivants deux avis de proposition pour tenter de forcer politiquement la mairesse à plafonner sa rémunération.
Le premier, le 11 juin, lui demandait qu’elle plafonne sa rémunération pour que celle-ci «tienne compte autant de la taille de Ville, de la capacité de payer des citoyens que des meilleures pratiques en vigueur dans les grandes villes du Québec». Les élus de la mairesse et les indépendants ont voté contre disant vouloir attendre les conclusions d’une étude d’un groupe d’expert : une étude qui fut finalement commandée en septembre 2019 par le comité exécutif à l’ancien ministre Rémy Trudel de l’École nationale d’administration publique (ÉNAP) pour qu’il se penche sur la rémunération de l’ensemble des élus, alors que c’est uniquement celle de la mairesse qui est problématique.
Le deuxième avis de proposition, déposé en octobre, ajoutait la notion d’un plafond plus spécifique pour la rémunération des conseillers afin que leur rémunération totale ne puisse jamais dépasser 90% de la rémunération totale de la mairesse. Ce faisant, on serait revenu à ce qui était en vigueur avant 2018, alors que la rémunération des élus était plafonnée.
En février 2020, après des mois de pression des citoyens et de l’opposition, la mairesse a finalement proposé d’amputer de 40 000 $ le salaire que lui verse la Ville, se traduisant par une diminution de 36 000 $ à sa rémunération totale. Avec cette diminution de salaire, la rémunération totale de la mairesse s’établirait à 206 769$ au lieu de 242 213 $, soit 190 000 $ plus 16 000 $ pour son allocation de dépense.
La mairesse de Longueuil, toujours la mieux rémunérée au Québec
Même avec cette diminution de son salaire de base à titre de mairesse, celle-ci continuera de toucher toutes les autres primes qu’elle reçoit pour siéger à l’ARTM, la CMM et l’agglomération. À 206 000 $, elle continuera donc d’être mieux rémunérée que la mairesse de Montréal, le maire de Québec et de Laval qui exercent pourtant des responsabilités aussi importantes sur un plus grand territoire et plus populeux qu’à Longueuil.
Comme indiquait, le chef de l’opposition, Xavier Léger, « il aura fallu attendre plus de 10 mois et débourser 13 000$ pour un rapport sur la rémunération des élus avant que la mairesse se décide à fléchir sa position ».
À l’heure de la mise en place de mesures pour limiter la pandémie du coronavirus, on pense toujours que la diminution qu’elle propose est insuffisante. Les élus auront à faire un choix le 24 mars à l’occasion de la séance ordinaire du conseil municipal. Une séance qui se déroulera à huis clos. Si certains élus semblent vouloir voter en faveur du règlement proposé par la mairesse, de notre côté, on continuera à faire le choix de la raison, dans le meilleur intérêt des citoyens.